La rediffusion
L’IA a envahi le débat public. Elle participe désormais de notre quotidien : 79% des actifs l’utilise dont 23% de manière quotidienne. L’Etat et les collectivités territoriales s’emparent de ce sujet, aussi vaste et complexe soit-il, avec pour objectif l’amélioration des services publics de demain. Metapolis a imaginé ce webinaire pour permettre aux acteurs publics de structurer leur démarche : de la réflexion à l’action, en partageant des retours d’expériences issus de cas d’usages des missions de conseil et de veille.
4 approches pour la mise en œuvre opérationnelle de projets d’IA…
Partant du principe qu’il n’existe pas de modèle universel de mise en œuvre opérationnelle de projets d’IA, Metapolis a dégagé quatre types d’approche :
– « Humaniste engagée » qui consiste à se laisser le temps de la réflexion, à définir les impacts et les risques des nouvelles technologies pour, in fine, définir un cadre éthique (exemple de la ville de Montpellier : interdiction de l’usage de ChatGPT pour ses agents et concertation citoyenne pour la construction d’une charte de l’IA éthique, souveraine et responsable). Si elle permet d’éviter les dérives et l’effet de mode, cette approche nécessite aussi un portage politique fort dans la durée.
– « Communicateur inspirant » qui consiste à lancer une expérimentation autour d’un cas d’usage et à le valoriser auprès du grand public (exemple du projet FIDAMIA de la Métropole Aix-Marseille Provence : géolocalisation et reconnaissance d’images permettant la classification automatique d’un désordre et donc l’intervention rapide des équipes techniques, valorisation de la relation usagers et de la propreté de l’espace public par la Métropole). Le contexte et donc le risque étant maitrisés, l’image de la collectivité est valorisée, l’écueil pouvant être l’absence de réelle stratégie de transformation générale et/ou un impact assez limité.
– « Fédérateur visionnaire » qui consiste à faire collaborer un écosystème d’acteurs locaux pour développer un projet d’IA (exemple avec les 70 membres de l’association Ekitia, émanation de la Région Occitanie, qui promeut le développement de l’économie de la donnée dans un cadre éthique et innovant). Si ces partenariats permettent aux collectivités territoriales d’accéder à des expertises et des technologies de pointe, ils sont complexes à mener en raison de la multiplicité des acteurs.
– « Pionnier aventureux ». Dans une logique expérimentale, il s’agit de tester des technologies et des idées novatrices sur de courtes périodes ou des périmètres restreints. L’idée étant d’ « apprendre en faisant » à travers la mise en place de projets pilotes, les moyens humains et les coûts associés sont importants et ne débouchent pas systématiquement sur des résultats probants.
C’est surtout cette dernière approche qu’a retenu la Région Ile-de-France. L’intervention d’Antoine Carette, directeur de la donnée a permis d’expliquer la mise en place, avec des startups locales, de huit cas d’usages : gestion des photos et vidéos de patrimoine, des subventions, réduction du gaspillage alimentaire dans les restaurants scolaires… A travers ces projets, l’objectif de la région est d’améliorer la qualité du service public rendu tout en étant souverain en matière d’intégration des technologies d’IA dans son fonctionnement et ses outils.
… et plusieurs défis à relever
Ces démarches peuvent être complémentaires les unes des autres. Les organisations publiques peuvent les adopter à différentes étapes de leur transformation par l’IA et les adapter en fonction de leurs caractéristiques, de leurs objectifs, de leurs ressources… Une fois les projets définis, il reste des défis à relever et des points de vigilance à garder en tête pour les mener à bien, à commencer par la qualité de la donnée disponible : sans données, pas d’intelligence artificielle. Si les données d’entrée ne sont pas exploitables, l’IA ne fera pas de miracle (« garbage in, garbage out »). Raison pour laquelle le portage du programme IA est réalisé par la direction de la donnée en Région Ile de France.
D’autres défis ont été abordés, parmi lesquels :
– l’accompagnement au changement : en lien avec la transformation profonde des pratiques,
– l’impacts RH : réduction de la fracture numérique dans les collectivités et intégration de l’IA comme compétence « métiers » et non plus seulement au sein de la seule DSI,
– la mutualisation : travaux d’affinage des modèles d’IA dans le contexte spécifique du secteur public,
– les aspects juridiques : construction d’un cadre éthique au développement et à l’utilisation de systèmes d’IA, notamment en matière de protection des données personnelles et de respect des normes en vigueur.
En conclusion, comme pour tout projet digital, il est essentiel d’établir une vision stratégique claire pour aligner les efforts sur les objectifs de l’organisation. Le portage politique et administratif, la gestion du changement, la planification des ressources et la coordination des parties prenantes jouent également un rôle crucial, en particulier pour assurer l’adhésion des équipes.
Pour compléter le sujet, une attention particulière est portée sur le volet environnemental pour s’assurer que cette transformation numérique ne permette pas une amélioration de la qualité du service rendu aux dépends même de la capacité des usagers à bien vivre dans le futur. Ce sera l’objet d’un second webinaire intitulé « l’IA raisonnée. Ethique, intérêt général et sobriété sont-ils compatibles avec l’IA ? » qui aura lieu le 14 juin et sera co-animé par Jean-Christophe Elineau, directeur conseil et Léa Renou, consultante sénior avec la participation d’Ekitia et de la région Occitanie.
Pour nous faire part de vos projets d’IA ou pour plus d’information sur ce webinaire, contactez-nous.